Hymne aux gens seuls
A vous mes frères
A vous mes amies
C’est à vous que je dédie cette ode
L’ode des gens seuls
La ritournelle des gens qui n’ont pas d’amoureux
La rengaine des gens qui ne sont pas l’amour de quelqu’un
La mélopée de ces gens qui ont aimé
Et qui malgré eux ont perdu cet amour
Ces gens qui voudraient aimer
Qui ont peur de mal aimer ou de souffrir
Qui sourient à leur liberté
Mais pleurent leur solitude
Ces gens qui ont mal chaque fois
Qu’on fête les amoureux
Qu’on fête de façon démesurée et mercantile
Toutes ces fêtes qui devraient être
Une offrande, un sourire et de la joie
Ces gens transpercés par les noces d’or qu’ils n’auront plus
Ces gens qui à table font le nombre impair
Qui dans les voyages sont dérangeants
Gênent les couples établis et sûrs d’eux
Enfin quelquefois surtout en façade
Afin de masquer leur désastre affectif.
Sans doute sont ils des parias
Les restaurants ont des tables de deux
De quatre ou plus, jamais pour une personne.
Mais souvent leur douleur
N’est pas que d’être seuls
Leur chemin de vie est hanté
Par leurs pertes et leurs cassures
Par un passé qui fait encore mal
Et qui rend un futur aléatoire et angoissant.
Et pourtant ils écrivaient aussi des poèmes d’amour
Il ne leur reste plus que l’amour de la poésie.
Franz Du Moulin